Retour sur le cycle de travail “Marche x Numérique”

Par Marguerite Grandjeanen June 2024 - contribuer

Fin 2023 et début 2024, la FabMob a mené un cycle de travail exploratoire visant à investiguer le potentiel du numérique au service de la marche. Notre objectif initial dans le cadre de notre convention de partenariat avec l'ADEME était d'accompagner un commun numérique dédié à la marche, Open Mobility Indicators. Cependant, nos échanges et nos recherches sur cet outil nous ont amenés à faire un pas en arrière : Quels outils numériques (données, logiciels, indicateurs) sont vraiment nécessaires pour faciliter la marche ? Quels sont les besoins ? Nous avons alors choisi d'explorer cela.
Pour ce faire, nous avons d'abord mené 10 entretiens avec différents spécialistes et praticiens issus d'agences d'Etat, de collectivités, d'universités, de startups ou d'opérateurs de transport.1 Puis nous avons réalisé un webinaire avec 3 intervenants portant chacun un regard complémentaire sur le sujet : l'Etat, une association, et un expert numérique. Nous avons pu les écouter sur les ambitions clés à viser dans la marche, les services que peut rendre le numérique à ce titre, et les freins rencontrés.2 Enfin, nous avons mené un atelier collectif avec une quinzaine de participant.e.s issu.e.s d'expertises diverses, afin de rentrer dans le détail des cas d'usages concrets du numérique dans la marche.3
Cet article vient conclure ce cycle de travail en faisant un bilan de nos apprentissages.

La marche : un "impensé" des politiques publiques, qui revient sur le devant de la scène

Etre libre de ses mouvements, améliorer sa santé, respecter la nature, favoriser les petits commerces, rendre un quartier convivial, réduire le bruit et la pollution... Marcher est un acte naturel qui comporte de nombreux bénéfices.

schéma "Les co-bénéfices de la marche"
Source : ADEME, schéma "Les co-bénéfices de la marche", rapport "A pied d'oeuvre" (p. 10)

En termes de part modale, la marche est depuis longtemps le premier mode de transport après la voiture, et en augmentation. En France, la marche (prise seule) représente 23,7% des déplacements selon la dernière Enquête mobilité des personnes de 2019 (contre 9% en transports en commun et 2% en vélo), avec une hausse de 1,4 point depuis 2008 soit +6%. Des données plus récentes au sein des enquêtes mobilités déplacements locales (ex. Rennes, Nantes) montrent aussi un regain de la marche, alors qu'elle s'écroulait jusqu'au milieu des années 2000.

La marche est aussi le premier "liant" de l'intermodalité : on marche pour rejoindre sa voiture au parking, pour monter dans son bus, pour rejoindre son arrêt de transport en commun... Ainsi, la marche est présente dans tous les déplacements multimodaux. Ceux-ci représentent 13% des déplacements totaux, en plus des 24% de marche uniquement et des 63% de voiture. Donc si l'on compte cette marche-là, la part modale totale de la marche monte à 37% de tous les déplacements. En outre, les 3/4 des déplacements en transports en commun comportent au moins 5 minutes de marche, pour rejoindre son arrêt, faire un changement de ligne...

"Les pieds", publicité pour la marche, sur un ton parodique, de Bruxelles Mobilités, l'administration de la Région de Bruxelles-Capitale chargée de la mobilité

Pourtant, jusqu'à la période Covid, la marche et le piéton étaient relativement peu pris en compte dans les politiques publiques. Plus qu'un "oublié", car tout le monde continuait bien à marcher, Thierry du Crest préfère parler d'un "impensé" : un point aveugle, en déficit d'investissements et d'aménagements.

Depuis 3-4 ans, la marche semble être revenue sur le devant de la scène. Quelques exemples de démarches associatives et politiques en donnent une idée :

Le plus souvent, la marche n'est pas encore considérée tout à fait à part entière, mais fait plutôt partie de l'ensemble plus large (et plus vague) de "mobilités actives" ou "mobilités douces". C'est d'ailleurs le nom des intitulés de poste que l'on peut retrouver chez les opérateurs de transport public. Ceux-ci s'intéressent pourtant au piéton et à la marche depuis fort longtemps, bien conscients des enjeux de flux en station, d'accès aux transports et d'intermodalité.

La marche est notamment considérée par extension au vélo. Cette sorte de "grand frère" représente un modèle à suivre (budget des politiques publiques plus important, hausse de l'usage, existence d'indicateurs partagés, apaisement des voies...), mais est également structurellement différent, voire parfois concurrent dans l'espace public.

En effet, la marche présente un ensemble de caractéristiques toutes particulières, qui la différencient d'un autre mode de transport (transport en commun, vélo) et complexifient sa prise en compte dans les politiques publiques :

  • La marche est partout. On marche pour sortir ses poubelles, aller voir un voisin, promener son chien, faire ses courses...
  • Cela peut rendre plus difficile la structuration d'un engagement militant : si nous sommes tous piétons, y a-t-il un sentiment d'appartenance à une communauté de marcheurs ?
  • "La marche ne relie pas des lieux, elle rend agréable des quartiers existants", comme le disait Mathieu Chassignet, expert marche à l'ADEME, lors de notre entretien. Elle est très localisée, peu contrainte (on peut revenir sur ses pas), ne cherche pas seulement à parcourir un itinéraire de A à B mais peut chercher la flânerie. C'est donc, au-delà d'un mode de transport, une question de gestion de l'espace public.
  • En tant que sujet transversal, à la fois mode d'organisation de l'espace public et mode de transport, elle concerne des services différents au sein de la collectivité, mais aussi des compétences différentes à des échelons administratifs distincts : voirie/urbanisme, espaces verts, données/DSI, compétence mobilité (AOM et non commune)... Avec pour résultat un problème stratégique : la marche est un angle mort des politiques publiques, ce n’est naturellement dans l’escarcelle de personne.
  • La marche est un sujet ultra-localisé : elle concerne une école, un carrefour, un feu rouge, un trottoir... Cela pose des questions de passage à l'échelle des politiques locales à une politique plus large, notamment au niveau national, avec notamment le besoin d'indicateurs agrégés (problème remonté par la Coordination interministérielle).
  • En même temps, elle est l'un des piliers de plusieurs domaines d'intérêt général : santé, environnement, mobilité, urbanisme/espace public, convivialité, commerce, tourisme...

Et le numérique dans tout ça ? Deux publics (et deux types d'outils numériques) à distinguer : les décideurs et les piétons

Pour considérer l'utilité du numérique dans la marche, il faut distinguer deux types de besoins de deux publics différents, avec deux types d'outils numériques associés :

  • Les marcheurs, qui ont besoin de meilleurs environnements de marche et d'une meilleure information piéton.
    • Ici, les outils numériques concernés sont les applications mobiles d'information, et diverses autres applis "grand public" (gamification/cashback, organisation de services, consultation/remontée d'informations...)
  • Les aménageurs et décideurs, qui ont besoin d'une meilleure connaissance de la marche et du piéton.
    • Ici, les outils numériques concernés sont les données concernant la marche et les piétons sur un territoire, et les outils de traitement et de visualisation de ces données.

Pour un aperçu rapide des types d'outils numériques, vous pouvez consulter un état des lieux indicatif que nous avons réalisé avec des exemples, accessible dans cette présentation :

  • Les outils numériques à destination des marcheurs : calculateurs d'itinéraires piétons, applications sportives, accessibilité, applications de randonnée, gamification...
  • Les outils numériques à destination des aménageurs, collectivités et opérateurs de transport : cartographies, données de flux, d'usages, modélisation...

Du côté des décideurs et organisateurs (collectivités, aménageurs, opérateurs de transport)

Le numérique comme moyen de connaissance de la marche et des piétons

Lors de notre exploration, un constat paraît unanimement partagé : la connaissance et la compréhension des pratiques réelles de marche sont encore insuffisantes.

Avec ses multiples dimensions, la marche et le piéton ne sont pas objets aisés à appréhender. Or la compréhension est nécessaire pour l'élaboration et le suivi des politiques publiques. Elle passe par une connaissance des dynamiques à l'oeuvre (théorie), des méthodes et solutions d'interventions possibles, mais aussi des usages et expériences concrètes de marche sur un territoire (qui marche, où, quand, comment sur mon territoire). C'est sur ce dernier besoin, d'analyse et de connaissance des pratiques réelles de marche, que le numérique - collecte de données et traitement via des outils adaptés - peut s'avérer utile.

On retrouve ce besoin à 2 échelles : la collectivité (échelle locale) et l'Etat (échelle nationale).

  • Une collectivité (surtout la commune, ou EPCI dans le cas des plans mobilité) aura besoin de connaissance de la marche et des piétons lors de l'élaboration de plans d'urbanisme, de plans de mobilité ou de décisions d'aménagement plus ponctuelles (notamment légères). C'est plus précisément lors du diagnostic et lors de l'évaluation que la collectivité aura besoin d'information.
  • L'Etat a besoin d'information agrégée, qui dégage des tendances sur le territoire français afin de déployer des moyens sur des axes prioritaires.

"La marche est à une échelle très fine, les détails comptent, donc c'est plus difficile à mesurer qu’un déplacement en voiture." Thierry du Crest

Les besoins clés à adresser

1. Identifier les indicateurs pertinents.

Certains indicateurs sont déjà bien établis, avec des standards qui détaillent de nombreuses catégories de données, comme le CNIG pour l'accessibilité par exemple.

Modèle conceptuel du standard CNIG
*Modèle conceptuel du standard CNIG. Source : Présentation du standard CNIG lors du webinaire "Loi d'orientation des mobilités et données d'accessibilité", 9 décembre 2021

Au-delà de l'accessibilité, la "marchabilité" d'un espace (le degré de confort et d'incitation à la marche des espaces) fait l'objet de nombreux travaux internationaux depuis une vingtaine d'années, et les collectivités utilisent leurs propres proxys, sans consensus établi autour d'indicateurs principaux.
L'une des principales difficultés à laquelle se heurte ce domaine est la difficulté à créer un score (une gradation, une notion d'environnement favorable ou non à la marche) suffisamment indicatif tout en étant utilisable sur différents territoires.
Une autre difficulté est la quantité d'informations nécessaires pour se rendre compte de la marchabilité : faut-il tout connaître d'un espace pour avoir envie d'y marcher ? En effet la marche étant par nature multidimensionnelle, elle touche non seulement aux cheminements de A à B, mais aussi aux divers éléments de confort (espaces verts, luminosité, bruit...), et à d'autres dimensions comme l'accès aux commerces ou aux services.
Emerge alors la nécessité de recourir à des critères de qualité, des indicateurs clés, qui seraient adaptés et partagés.

Captures d'écran de visualisations développées par Someware

A l'échelle nationale, la Coordination interministérielle au vélo et à la marche a fait remonter un besoin spécifique : Quels indicateurs agrégés utiliser pour une connaissance et un suivi du sujet à grande échelle ? Que mesurer si les linéaires de trottoirs semblent insuffisants pour un domaine multidimensionnel : surface de l'espace piéton, distance aux services (commerces ou loisirs), temps passé à marcher... ?

Idées d'indicateurs de marche à cartographier (recensées lors de l'atelier collectif)
  • Les aménagements urbains piétons : passages piétons, passage avec feu, trottoir... En indiquant la localisation, l'accessibilité, la co-visibilité ...
  • Les nuisances à la marche, au niveau de la voirie : trafic automobile (bruit et pollution), insécurité, luminosité, mauvais trottoir...
  • L'état de circulation des chemins et trottoirs en temps réel, avec la présence d'obstacles ponctuels : travaux, voitures, poubelles...
  • La fréquentation et la sécurité des lieux en fonction du temps : saisons, heures, notamment pour certains espaces sujets aux fluctuations jour/nuit (gare, parc, tunnel souterrain...)
  • Les itinéraires piétons empruntés par les individus
  • Comprendre le choix d'itinéraires (ex. pourquoi cette rue et pas une autre, via ce passage piéton, avec ou sans feu)
  • Mieux comprendre et définir les cas où la marche a été choisie comme une meilleure alternative que les autres modes

Ces indicateurs doivent remplir 2 conditions :

  • être adaptés à la marche et à ses spécificités.
  • être partagés largement par les acteurs de la marche, de façon à pouvoir comparer, suivre l'évolution dans le temps, les utiliser comme critères.

2. Combiner les différentes données déjà disponibles : données fermées ou privées et open data, quanti et quali, numériques et physiques (enquêtes, comptages).

La complémentarité des données disponibles et des outils de traitement a été largement soulignée.

De nombreuses sources de données existent sur la marche et les piétons. On peut trouver des données topographiques chez les collectivités dans différents services : cartes de voirie, d'aménagement / équipement, de réseaux souterrains...
Des plateformes d'open data, pas nécessairement bien connues, sont des sources précieuses de données topographiques ou d'usage sous différents angles, comme OpenStreetMap, base de données de cartographie collaborative, ou le Point d'Accès National (transport.data.gouv.fr), plateforme officielle française de données ouvertes dans le transport.
Des données de traces existent dans les applis sportives (type Strava) mais aussi dans des projets publics comme Outdoor Vision, porté par le Ministère chargé des Sports en partenariat avec des territoires, des fédérations sportives, et des marques privées.
Enfin, des systèmes d'exploitation comme Apple ou Android ou des applis d'information voyageur grand public comme Google Maps ou Citymapper ont accès à de très nombreuses données.

Du côté des données non automatisées, les données de fréquentation récoltées par les 1500 éco-compteurs répartis en France ne sont à ce stade pas agrégées.
Elles ne sont pas non plus combinées aux données numériques mentionnées précédemment, ni aux données d'ordre qualitatif issues d'enquêtes et d'observations terrain, pourtant largement utilisées par les collectivités.

Toutes ces données ne sont pas accessibles, interopérables ou traitables, mais l'analyse des flux et comportements piétons serait enrichie par des combinaisons de données complémentaires. Comme le résume Séverine Ikkawi de la Fédération Française de Randonnée : "en se mettant à plusieurs acteurs pour regarder les données existantes, on peut mieux compter, mieux analyser au service des aménageurs et des marcheurs."

3. Illustrer pédagogiquement comment ces outils fonctionnent en pratique.

Le numérique reste un peu mystérieux, voire un sujet de défiance, pour de nombreux acteurs du transport ou de l'urbanisme. La marche s'avère en particulier peu encline à s'y intéresser, ce qui peut être attribué à de nombreuses raisons : sa complexité inhérente, son faible outillage nécessaire (des baskets, pas un véhicule!), le haut degré de liberté, les faibles distances parcourues... Ainsi, un double besoin émerge : (1) s'assurer que le numérique répond à un vrai besoin (éviter le technosolutionnisme) et (2) mener la pédagogie nécessaire pour comprendre comment cela fonctionne concrètement.

Le CEREMA réalise actuellement des fiches (travail en cours) concernant le cycle de la donnée sur différents cas de mobilité (pas spécifiquement la marche) : où elle est collectée, où elle est traitée, par quel moyen, par qui, où elle est restituée, pour quel usage.

Quelques cas d'usage plus techniques

Nous restituons ici de manière non exhaustive des besoins plus précis qui ont été remontés.

  • Continuer à étendre et améliorer la collecte les données d'accessibilité au sein des collectivités

D'abord au service des personnes à mobilité réduite, qui ne peuvent pas forcément s'adapter à une contrainte morphologique (travaux, trottoir surélevé...), ces cartographies bénéficient aussi à tout un chacun.
La cartographie d'accessibilité fait l'objet d'obligations réglementaires depuis 20 ans mais se heurte à des difficultés de mise en place liées aux données, que la Délégation Ministérielle à l'Accessibilité (Ministère des Transports) s'efforce de résoudre.

Acceslibre Mobilités est un outil développé par Someware pour le compte du Ministère des Transports afin d'aider les collectivités à récolter les données d'accessibilité, en permettant la collecte de différentes sources et la standardisation, à travers une interface simple d'usage pour les collectivités.

  • Comment rendre la cartographie plus facile/automatique ?

Automatiser la mesure des largeurs de trottoirs, les pentes et dévers, à travers notamment les outils de vue immersive (streetview) comme Panoramax.

Du côté des piétons

Le numérique comme source (partielle) d'information piéton

Au cours de notre exploration les acteurs n'ont pas manqué de rappeler que les attentes face au numérique doivent être calibrées, pour éviter toute tentation techno-solutionniste ou trop ingénierale. Le numérique ne fera pas tout, surtout dans le cas de la marche. Il ne s'agira pas de cartographier tout le détail de nos rues, car le ratio coût-bénéfice ne serait pas intéressant. Les marcheurs n'utiliseront pas un calculateur d'itinéraires comme les automobilistes utilisent Waze, car ceux-ci sont plus contraints, la marche est un mode moins contraint, plus libre, plus en découverte.

"Le numérique pour la marche n'ira pas aussi loin que pour d'autres modes. Car la marche doit rester un plaisir et une liberté. Le piéton ne sera pas rivé sur son téléphone quand il marche. C'est le mode avec le plus grand degré de liberté, au contact de son environnement." Bertrand Gervais, Someware

"Tout ne passera pas par le numérique, car il y a encore un besoin important d'humain, d'accompagnement." Marie-France Vayssière, Keolis

En outre, pour tout ce qui concerne l'information piéton, le numérique doit impérativement s'articuler avec l'environnement physique. Développer des outils de cartographie, d'itinéraires ou de ne pourra faciliter ou inciter à la marche que si l'environnement physique le permet (découverte de beaux paysages, offre de transport en commun...), et si ces outils sont pensés en articulation avec les aménagements physiques, notamment la signalétique et le balisage.

Des usages concrets à investiguer

Nous restituons ici quelques cas concrets non exhaustifs où le numérique adresse des réponses aux marcheurs.

  • L'information piéton au service des transports en commun

Keolis a partagé 5 problèmes que le numérique pourrait aider à résoudre dans le cas des transports en commun, à travers un guidage articulant numérique et physique :

  1. Améliorer la signalétique aux points d'arrêts, par exemple des QR codes pour lier les panneaux indicateurs aux applications d'information voyageur. 
  2. Répondre aux enjeux de saturation des gares, en proposant des cheminements inter-stations dehors, hors des couloirs.
  3. Améliorer le cheminement et le jalonnement dans les pôles d'échanges.
  4. Gérer les flux dans l'événementiel.
  5. Informer sur les perturbations, anticipées ou non, avec indication d'alternatives en temps réel.
  • Les outils ludiques d'incitation à la marche

Comment récompenser la marche du quotidien ?

Outre les montres connectées qui montrent les bénéfices santé de la marche et du sport, ou les systèmes de récompense par points, il existe des applications de "cashback" type Moovance ou WeWard qui permettent à des marcheurs de récompenser leurs efforts par des remises financières dans des commerces.
Une difficulté qui a été remontée cependant, et demande à être creusée, concerne leur aspect marchand, avec des sujets potentiels de captation ou de revente des données personnelles, des biais de sélection de leurs publics, ou simplement des difficultés d'accès de l'acteur public à leurs données.

Keolis a par ailleurs une longue expérience de challenges et jeux d'incitation à la marche, notamment les challenges "piétons connectés", qui témoignent de retombées très positives. La question se pose ici de la sécurisation de la dynamique sur le long terme.

Enfin en Nouvelle-Aquitaine, un jeu de "géocaching" sur des circuits de randonnée a été développé, permettant aussi à la collectivité de collecter des données additionnelles sur la praticabilité des chemins ou la date de dernier contrôle des fléchages.

  • Les outils de facilitation de la marche sur des usages ciblés (ex. pédibus)

L'exemple des Guiboles, outil numérique qui simplifie l'organisation des pédibus (emmener les enfants à l'école à pied), est à creuser.
Quels sont les mécanismes qui permettent l'adoption de ces outils ?
Comment inclure des participants peu enclins au numérique ?
Quel est l'impact de ces outils in fine sur l'augmentation de la marche, et à quelle échelle ?
Doit-on en faire un commun numérique ?

Conclusion et prochaines étapes

Cette exploration a permis d'identifier quelques pistes où le numérique peut être utile au bénéficiaire final de la marche : le piéton. Données et logiciels peuvent être mis à profit pour développer des politiques en faveur de la marche en informant les choix d'aménagements. Des applications mobiles individuelles peuvent faciliter l'accès à l'information, faciliter les cheminements, ou inciter à marcher.

Une prochaine étape à laquelle nous réfléchissons consiste à interroger les collectivités sur leur usage de données pour informer leurs politiques de marche, de façon à caractériser leurs besoins et leurs pratiques de façon très concrète.

Une autre piste est de nous pencher sur les acteurs économiques de la marche, activité certes par nature basique mais qui pourtant reflète de réels enjeux économiques.

Et vous, qu'en pensez-vous ?
Contactez-nous pour partager vos expériences sur le numérique au service de la marche, et si vous souhaitez être au courant de la suite de nos activités !

1 :

Liste de nos entretiens :

  • Bertrand Gervais, Someware
  • Thierry du Crest & Suzanne Lécroart, Coordination interministérielle au vélo et à la marche, DGITM
  • Mathieu Chassignet, ADEME
  • Mariana Reyes, chercheuse à l'IRT SystemX (Centrale / Saclay) sur la marche dans les applis MaaS
  • Iris Héran-Gobert & Séverine Ikkawi, Fédération Française de Randonnée
  • Mélanie Gidel & Michèle-Angélique Nicol, Ville de Paris
  • Romain Legros, Club des villes et territoires cyclables et marchables
  • Cédric Boussuge, CEREMA
  • Marie-France Vayssières, Keolis
  • Muriel Larrouy, Délégation Ministérielle à l'Accessibilité, Ministère de la Transition écologique
2 :

Retrouvez la description, le replay vidéo, la présentation et la prise de notes du webinaire sur notre Wiki : https://wiki.lafabriquedesmobilites.fr/wiki/Marche

3 :

Retrouvez la description et la prise de notes de l'atelier sur notre Wiki : https://wiki.lafabriquedesmobilites.fr/wiki/Marche