Par Jaime Arredondoen December 2018 - contribuer
En 2016 le Danish Design Center, un organisme du gouvernement danois, s’est concerté pour voir comment le Danemark pourrait positionner son industrie face au problème de l’outsourcing massif de sa production à l’étranger, avec la pression que ça implique pour le marché du travail.
Un autre problème ajouté est que l’urbanisation du pays fait que les danois, notamment les jeunes danois, se déplacent aux grandes villes en quête d’opportunités, vidant de talent les petites villes et le reste du pays.
Et en même temps, il y a le développement inexorable des fablabs, des makerspaces avec des imprimantes 3D et des découpes lasers à bas prix dans des milliers de villes. Ces nouvelles technologies ont permis l’essor d’une nouvelle et forte culture du Do-It-Yourself, où le partage des connaissances en open source déplace la production massive dans des pays lointains à des produits et des services faits sur mesure avec des matériaux et des talents locaux. Un mouvement qui apporte une nouvelle perspective économique plus écologique.
Comment répondre aux challenges d’avoir un petit pays qui ne peut plus se permettre de fabriquer chez soi à cause des coûts salariaux trop élevés, mais qui à une culture du design extrêmement puissante?
La réponse était d’aider les entreprises danoises à se développer avec des business open source, où n’importe qui peut étudier, modifier, réutiliser et même distribuer leur produit comme font à différents degrés des entreprises comme le fabricant automobile Tesla, Baidu le géant chinois qui développe des voitures autonomes ou Opendesk qui vend des meubles conçus par sa communauté de designers et fabriqués par les réseaux de fablabs .
Mais en général, une fois l’idée évoquée, un business open source suscite autant de curiosité que de scepticisme et d’insécurité.
Ce scepticisme vient généralement d’un manque de connaissances approfondies, mais est souvent contré par une forte volonté à apprendre.
C’est pourquoi, en 2018, le Danish Design Center a fait le pari de rassembler des exemples concrets et inspirants de succès open source internationaux, lancer le programme REMODEL pour aider des entreprises de produits à expérimenter et développer des business open source, et éventuellement rester aux devants économiquement.
10 entreprises de fabrication petites, moyennes et grandes ont été recruté pour tester le programme. Parmi ces entreprises se trouvent:
Le programme REMODEL est un processus de 8 semaines au cours duquel les entreprises participent à un format de sprint axé sur le design pour développer un modèle économique open source, innovant et soutenable financièrement. À la moitié des 8 semaines, les entreprises ont fait un point avec différents experts internationaux de l’Open Source, puis repartent avec les feedbacks pour polir et valider auprès de leur communauté de clients et utilisateurs ce premier prototype de modèle économique.
Le programme leur a servi à explorer comment fonctionnent les principes de l'open source et comment ils peuvent servir à développer de nouveaux modèles économiques viables dans la production de produits physiques en multipliant la compétitivité, l’innovation et toucher de nouveaux marchés dans un monde de plus en plus numérique et connecté.
À la fin du programme les entreprises avaient clarifié les questions clés de leur stratégie:
À la fin de la première expérience il s’est passé deux choses remarquables.
La première: Sur 10 entreprises qui se sont portées volontaires, 8 ont décidé de faire le pas et de créer une vraie stratégie open source pour au moins un de leurs produits.
Et la deuxième: Toutes les entreprises ont témoigné que cette nouvelle stratégie leur rapporterait entre 130.000 et 1.300.000€ en CA additionnel dans les années qui viennent ou que ça a accéléré l’adoption d’une stratégie de développement et coopération qui leur aurait pris plusieurs années.
Voyons deux exemples.
Le premier, Novozymes, fabricant d’enzymes et micro-organismes à usage industriel, est conscient depuis longtemps qu’ils ne peuvent pas résoudre tous leurs problèmes tout seuls. Mais un de leurs grands obstacles était de travailler dans une industrie où la protection agressive de la propriété intellectuelle empêche souvent d’être une pratique conventionnelle.
Novozymes avaient déjà essayé de créer une plateforme de partage de connaissance, mais sans succès. Leur objectif en participant à REMODEL était donc de reconsidérer ce projet en profondeur et en intégrant toutes les parties prenantes de leur écosystème.
Le programme les a aidé à dépasser une compréhension unidirectionnelle de l’open source et comprendre comment ça pouvait s’appliquer à leur entreprise.
Le résultat de leur réflexion est une plateforme communautaire, Hello Science, qui permet de résoudre des challenges au moyen du partage de connaissance entre des acteurs académiques, des startups et des entreprises pour casser les silos de connaissances qui ralentissent l’innovation et la création de partenariats. Cette plateforme est un moyen unique pour créer des connexions entre l’organisation et le monde extérieur qui peut, à terme, aider à résoudre des challenges qui touchent toute l’industrie.
Et le deuxième exemple est l’entreprise de mobilier Stykka qui fournit à travers sa plateforme en ligne en mobilier sur mesure à de grandes entreprises comme Carlsberg, Ebay ou SAP. Leur système de production intègre des blocs de construction qui permette de fabriquer des produits sur mesure de qualité à des prix de production de masses.
Même si Stykka avait depuis longtemps l’idée de créer une stratégie open source, l’idée restait intangible et difficile à mettre en oeuvre opérationnellement.
Ils ont donc utilisé la méthode REMODEL pour explorer le potentiel de l’open source pour eux et voir concrètement à quoi pourrait ressembler une stratégie open source pour eux et comment est-ce que ça pourrait améliorer leur business.
La méthode de design itératif de REMODEL à permis à Stykka de développer leur idée de façon à ce que les opportunités deviennent claires, concrètes et ancrées dans leur business existant, comme permettre à des designers de s’emparer de leurs designs, mais de rendre en enrichissant et en rendant plus attractif le catalogue de meubles. En retour les designers, en plus d’avoir accès à des designs de qualité, peuvent aussi rendre leur travail plus visibilité et récupérer des royalties sur les meubles produits sur leurs designs.
La méthode REMODEL est évidemment applicable et peut tout autant bénéficier des entreprises de fabrication en dehors du Danemark.
Le potentiel est énorme pour les entreprises qui se lancent dans l’économie circulaire. Ouvrir leurs designs ou leurs procédures peut les aider à atteindre leurs objectifs de zéro émissions ou de “net-positive” beaucoup plus rapidement et économiquement grâce à l’aide d’autres fabricants, designers, étudiants et utilisateurs.
Si vous êtes curieux et voulez développer votre propre stratégie open source, vous pouvez aller à Remodel.dk pour trouver les sprints compilés dans une boîte à outils, dont l'utilisation est ouverte à tous et disponible en Open Source.
Avec l'aide de la boîte à outils, vous aurez une meilleure compréhension de comment l’open source fonctionne ainsi qu'un accès aux matériaux, à des vidéos et des guides qui vous permettront de réaliser le programme par vous-même.
Et pour plus d’informations ou pour en savoir plus sur le programme vous pouvez contacter jaime@boldandopen.com ou visiter remodel.dk
La Fabrique propose des prestations pour accompagner des acteurs intéressés pour intégrer l’open source dans leur culture, leur produit, leur démarche d’innovation. Si vous êtes intéressés, vous pouvez contacter lafabriquedesmobilites@gmail.com